Carnets de route : Rémy et Alexandre, bonjour ! Initialement prévu en octobre 2002, votre départ est repoussé de quelques mois. Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?

Rémy : (silence) Mal (rires). Comment on se sent ? On est en attente de nouveautés. On attend la réponse de savoir si l'on aura un local, un endroit pour travailler cet hiver, ici, en Bretagne, près du bateau, ce qui faciliterait grandement l'hivernage du bateau. Ainsi que tous les travaux que l'on doit y faire. Hormis ça, maintenant que le départ est repoussé, on se sent bien, n'est-ce pas cher ami ?!

Alexandre : Il y a eu beaucoup d'étapes...

Rémy : Et il y en aura d'autres ! (rires).

Alexandre : Oui... euh, entre le final où l'on continuait encore à y croire, que l'on partirait, même à deux, qu'à la limite même qu'on ne parte pas jusqu'en Guyanne, mais jusqu'à Madère et on se remet en question là-bas... Donc l'idée c'était tout d'même de partir. Après, on s'est dit qu'il valait mieux rester ici pour travailler. Bon, compte tenu de la situation météo ici, on ne peut pas travailler sur le ponton... Donc on a eu quelques petits coups de blues, je trouve, quelques petits coups de gueule entre nous aussi, mais rapides, concis, efficaces ! (rires). Et puis on a eu des visites...

Carnets de route : j'imagine que cela n'a pas dû être très facile... Et en même temps, cela allait peut-être de soi ?

Alexandre : Oui. Cela a été beaucoup de sentiments. C'est-à-dire qu'à chaque étape, moi, je ne savais pas comment répondre, réagir. Voilà, je me sentais dépassé, depuis un bon moment. Parfois, c'est dur, et parfois on a l'impression de voler au-dessus du sol. Je me dis, de toutes façons, vaille que vaille !

Rémy : ce n'est jamais facile de remettre un projet auquel on tient à l'année suivante. Il nous faut maintenant garder les pieds dans les pédales pour bénéficier de ces dix prochains mois. Il faut qu'on puisse résoudre les interrogations qui se posaient à nous avant, et essayer de parvenir à être en avance dans notre préparation. ce serait bien une première d'ailleurs !

Carnets de route : Quelles sont les raisons de ce report ?

Rémy : Il y a des raisons de bateau et des raisons d'équipages. Le bateau n'est pas prêt. Les améliorations de conforts, de mainœuvre et d'énergie n'ont pas été faites, tout du moins pas assez. Et puis, nous étions quatre au début, maintenant nous ne sommes plus que deux. Financièrement et humainement c'est lourd. On ne se sentait donc pas vraiment prêts.

Alexandre : Les équipiers qu'on cherchait à recruter n'étaient pas assez expérimentés ou investis. Le projet n'était pas suffisamment carré. C'était un moment où l'on avait besoin d'une équipe solide pour tenir des délais qui paraissaient justes à tenir à quatre. On a toujours gardé espoir pour avancer à deux, jusqu'au moment où ça ne sert plus à rien. Si on part, c'est pour faire ça bien. Ah oui, et puis un élément aussi important était la fenêtre météo qu'on a raté.

Carnets de route : Vous avez du passer par des phases diverses : réflexions, tortures d'esprit, déception, amertume, et puis soulagement, respiration, sourires...

Alexandre : Réflexions... Tout le temps ! (rires). Torture d'esprit ? TOut le temps aussi !

Rémy : Je crois que la torture d'esprit existe quand on s'implique dans quoique ce soit qui fait avancer. Est-ce que je vais y arriver ou non par exemple.

Alexandre : Ralalala. J'avais envie de vraiment partir, de me retrouver sur le bateau, que toutes les choses qui sont pesantes dans l'organisation soient derrière, et que l'on vive enfin cette espèce de sérénité qu'on trouve en mer. Commencer enfin à lire, écrire...

Rémy : cet inconnu qui nous aurait apporté la sérénité, c'est curieux. Alors que l'inconnu en général n'apporte pas vraiment de sérénité. Un bon point pour nous est d'avor pris cette décision sereinement.

Alexandre : Amertume... Amertume... Pfff...

Rémy : Je dirais que l'amertume ressentie est un petit peu la suite de la déception. Quand t'es déçu, tu vas essayer de trouver un coupable, essayer de savoir à qui l'on s'en prend. Puis se dire qu'on n'en a pas été capable. Bon. C'est très formel tout ça. Il y aurait eu plus d'amertume si le projet avait été annulé. Là, il est repoussé, on reste dans la longue marche.

Alexandre : Hum (acquiessement). Et puis soulagement, oui.

Rémy : Je pense qu'on n'est pas resté longtemps dans le soulagement. On s'est un peu reposé. Là, on repart dans la recherche de partenaires, de communication sur notre projet, de conseils, d'encouragements... maintenant il faut garder cet élan. tout l'hiver à venir.

Alexandre : Pour moi, le soulagement est maintenant. Se dire qu'en fait on peut le faire mieux, que les gens sont à l'écoute puisqu'on a eu l'occasion d'en parler. Bon. Respiration... Bon on manque un peu de sport ! (rires).

Rémy : Sourires... Oui !

Carnets de route : Quelles sont aujourd'hui les pensées qui occupent votre esprit ?

Rémy : En gros, pour répondre simplement. La recherche de sponsors, de partenaires, la préparation du bateau pour l'année prochaine, la bonne marche de l'équipage actuel, c'est-à-dire Alex et moi et trouver un équipier en plus. Après, diverses petites choses vont remplir notre hiver.

Carnets de route : quelles sont les priorités en terme de construction, d'aménagement dans le bateau, de bricolages en tout genre ?

Alexandre : Alors d'abord le régulateur d'allure. C'est un pilote automatique entièrement mécanique qui utilise l'énergie du vent pour maintenir le cap du bateau et qui nous laisse libre de faire ce que l'on veut à bord. Il y a aussi la plateforme à l'arrière qui intègrera le régulateur d'allure, qui est une extension de surface du bateau pour stocker un peu de matériel peut-être et avoir un accès facile à l'eau. Ça permet aussi de filmer et prendre des photos avec plus de recul. Peut-être aussi aménager le balcon avant. On verra !

Rémy : Nous avons acheté un nouveau compas. Les aménagements du bateau concernent la cuisine, avec une idée de four, des filets et des rangements en contreplaqués dans les toilettes et la cabine avant. Un vestiaire aussi. Il faut aller chercher les voiles neuves, les cartes sont là...

Carnets de route : Un nouveau départ a-t-il été fixé ?

Alexandre : Oui, c'est pour l'été prochain, en août...

Rémy : Septembre, septembre ! Fin août début septembre, ce qui donne plus de temps et ralonge le voyage à dix mois.

Carnets de route : Pour conclure maintenant, sauriez-vous dire si votre envie est toujours aussi forte, si vos rêves sont toujours aussi présents ?

Rémy : Je pense qu'ils le sont plus. Surtout maintenant que l'on baigne dans une ambiance de voile (Salon du Mille Sabords au Crouesty). Beaucoup de gens nous racontent leur croisière, et nous, on ne pense qu'à la nôtre. On est motivés. Motivés aussi pour ne pas refaire les mêmes erreurs, motivés pour se consacrer pleinement, ne pas se laisser déconcentrer, respecter nos objectifs...

Alexandre : Oui ! On est toujours partants nous. Et est-ce qu'il y a quelqu'un au bout ? Bien et si certains nous lisent, et ont envie de communiquer, cela peut nous aider, qu'ils n'hésitent pas à nous contacter !


© Carnets de route.

Malgré un départ repoussé de dix mois, les rêves demeurent, certainement plus forts que jamais. Les protagonistes ont tout l'hiver et le printemps pour se préparer, prendre des forces, renouveler leurs énergies... Sourires !

 


Contacts :
atlanticanopee@free.fr

   
© Carnets de route - 2001. Valérie VdP, le 12/12/2002. Tous droits réservés.